Cent vingt ans de présence protestante

dans la Métropole lilloise, résumés dans une exposition

On la découvrira, Les 16 et 17 septembre, à l’occasion des Journées du Patrimoine au Foyer du Peuple de Fives. Le lieu est bien choisi car c’est presque à cet endroit qu’ont débuté ces 120 ans d’histoire. En 1897, le pasteur Henri Nick est nommé à Fives. Il allait accompagner les paroissiens des quartiers de la banlieue nord-est de la métropole pendant plus d’un demi-siècle.

L’un des aspects, très intéressant, de cette histoire, si riche en événements, est sans doute le travail d’accompagnement des populations modestes : par l’éducation populaire, l’organisation des loisirs, l’aide à l’émergence du sentiment de citoyenneté et la prise en main par chacun de son propre destin… pour construire un monde meilleur. Soixante-dix ans avant l’avènement du mouvement des  Prêtres Ouvriers dans l’église catholique, les pasteurs protestants intègrent cette espérance de justice sociale.

Le foyer du peuple de la rue Pierre Legrand 

En 1871, à la fin de la Commune, dans un Paris sinistré où beaucoup d’ouvriers avaient été fusillés par les Versaillais, le pasteur écossais Mac All rencontre les survivants à Belleville. Il est frappé par la misère de ce peuple de Paris. Il décide de lutter contre les violences familiales et l’alcoolisme à travers le message religieux. Il fonde la Mission Populaire. Cette tradition va influencer le travail des pasteurs protestants dans le Nord et singulièrement le pasteur Henri Nick qui, en 1898, ouvre à Fives sa première salle de réunion. À dire vrai, il sous-loue l’arrière-salle d’un café douteux de la rue de Flers en attendant une solution plus pérenne. Ses Écoles Populaires rencontrent un grand succès. Dès la première année, elles accueillent 170 élèves le jeudi et 150 le dimanche. En 1903, au 165 de la rue Pierre Legrand, nait le Foyer du Peuple une salle de réunion de plus de 600 places.
Elle est la plus grande du Lille de l’époque. À la Noël 1903, on y comptera même plus de 1000 personnes. Les écoles du jeudi et du dimanche se développent pour accueillir de 250 à 300 enfants à chaque séance. Les réunions d’adultes atteignent également plusieurs centaines d’auditeurs.

Ce Foyer du Peuple sera le centre névralgique de toute la communauté, jusqu’à aujourd’hui. Il sera édifié en église en 1935. C’est toujours  lui qui abritera l’exposition de la mi-septembre.

L’alcoolisme conséquence de la misère économique

Au tout début des années 1900, le Foyer du peuple accueille des conférences dans la grande salle tandis que le premier étage est réservé aux réunions du Cercle ouvrier. Au sous-sol, se trouvent une œuvre d’assistance par le travail et la coopérative d’achat de charbon. La grande silhouette du pasteur Nick est très familière aux Fivois de l’époque. Chaque mois, sous l’égide de la Croix Bleue, une association antialcoolique fondée en 1877, il organise dans les rues de la ville des défilés en faveur de la tempérance avec affiches et banderoles. L’alcoolisme est, à cette époque, un fléau pour les familles. Les femmes avaient coutume d’aller chercher leur mari à l’usine, les jours de paye, pour éviter qu’ils ne dépensent leur salaire dans les estaminets. L’alcoolisme, conséquence de la misère économique et du désarroi des plus faibles, réduisait le budget des familles au détriment de la nourriture du logement et de l’habillement. Le pasteur Henri Nick avait coutume de déclarer : « L’alcoolisme est le plus grand pourvoyeur de Satan ». Les réunions antialcooliques du premier dimanche de chaque mois remplissent régulièrement la salle. Cette initiative reçoit l’adhésion des épouses et des mères de famille qui incitent leur mari à y participer. Très décriée au début, l’action de l’association va finir par s’imposer. Les idées de tempérance gagnent du terrain. Beaucoup d’ouvriers, comprennent que l’alcoolisme est un obstacle à l’amélioration de leur condition. L’action de la Croix Bleue est désormais plébiscitée par un grand nombre d’entre-eux. Les congrès de l’association, à Fives, vont réunir régulièrement plusieurs centaines de personnes pendant la première moitié du XXe siècle. La Croix Bleue existe toujours. Elle est le deuxième organisme par ordre d’importance après les Alcooliques Anonymes. Elle a perdu son caractère confessionnel.

Les vacances pour tous

En 1910, on organise la première colonie de vacances et les premiers groupes de scouts. Plus tard, en 1924 la communauté achètera à Sainte-Cécile, au bord de la mer, un ancien hôtel destiné au séjour des enfants fivois. En 1936, à l’époque du Front populaire et des congés payés, le bâtiment de Sainte-Cécile accueillera également des familles venues  de tout le Nord de la France pour les Vacances pour Tous qui réunissent environ 500 personnes, chaque été.

Il ne s’agit là que de l’un des nombreux aspects de cette exposition autour de la mémoire de la présence protestante depuis plus d’un siècle. Nous vous invitons à la visiter.

Vade-mecum de l’exposition

L’exposition se tiendra pendant les journées du patrimoine, les 16 et 17 septembre. L’Église Protestante Unie de Fives a voulu s’associer à cette manifestation. Une partie de l’exposition est consacrée à Luther puisque l’on fête également le 500ème anniversaire de la Réforme. L’autre sera une fresque historique sur les 120 ans de présence protestante à Fives.

On pourra y découvrir des textes, des photographies, des documents inédits et même consulter une série de classeurs qui contiennent toutes les photos et autres documents qui n’ont pas pu être affichées dans l’exposition par faute de place.

On pourra faire l’acquisition du livre Du Foyer du Peuple à l’Église Protestante Unie, qui résume ses 120 ans d’histoire au prix de 8 euros

L’Église Protestante Unie de Fives /  «Foyer du Peuple» est située 165, rue Pierre Legrand – Métro Fives. L’exposition sera ouverte, le samedi de 9h à 12h, de 14h à 18h et le dimanche de 14h à 18h. Une conférence de Jean Vilbas, conservateur de la bibliothèque municipale de Douai est organisée, toujours au Foyer du Peuple, le samedi 16 septembre à 20 h, sur le thème : « L’évolution du protestantisme à Lille, une réforme toujours actuelle, une réforme qui transforme».

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