La rue Fontaine del Saulx

Au hasard de mes pérégrinations, je me suis retrouvé dans cette rue qui évoque plus la douce campagne que la bruyante ville. Curieux de tout, un  peu de recherche livresque et me voilà transporté aux origines de notre histoire. La fontaine del Saux, des Saules en français moderne, se trouvait, il y a bien longtemps au centre d’une vaste et dangereuse contrée «  Le Bois de sans Mercy. »

Du haut de sa tour, fichée sur une île, au centre d’un marais impénétrable entourée par la Deule, Phinaert, seigneur autoproclamé du lieu, chef de bande, pilleur et assassin épiait les rares voyageurs inconscients, pour les dépouiller et les trucider au passage. En l’an 620, Salvaert, prince estimé de Bourgogne, fuyait sa région en proie à de troubles incessants pour aller se réfugier en Angleterre en compagnie de  son épouse Ermengaert sur le point d’accoucher. Phinaert, flairant la bonne affaire et le butin facile, envoya ses hommes de mains pour dépouiller ces imprudents voyageurs.

Salvaert, malgré sa bravoure ne put résister très longtemps aux assauts de cette bande de sauvages. Son épouse, terrorisée, se cacha près d’une  source qui coulait au pied d’un saule. Sous le coup de l’émotion, elle mit au monde, un peu avant terme un beau garçon, solide et en bonne santé . Les sbires du cruel Phinaert retrouvèrent très vite la jeune mère, jetant  le bébé dans un fourré.
– Les loups nous en débarrasseront, pensèrent les hommes de mains..
Enfermée au sommet de la la sinistre tour, la prisonnière se morfondait d’ennui, Phinaert  ne désespérant pas d’obtenir une hypothétique rançon.

Un ermite qui vivait d’eau, de racines et de prières recueillit le nouveau né, le baptisa de son nom, Lydéric, l’éleva comme il le pouvait, de  lait de biche, de fruits sauvages et de quelques oiseaux. Tant et si bien que dix huit ans plus tard l’enfant était devenu un solide et beau guerrier qui s’était mis au service du roi d’Angleterre avec au fond de lui même l’obsession de venger son père et de délivrer sa mère. C’est au bon Roi Dagobert, qui, distrait à son habitude, avait mis ce jour là sa culotte à l’envers, qu’il demanda l’autorisation d’aller défier le sinistre seigneur des marais de la Deule. Comme dans les légendes, mais est-ce vraiment une légende, ce sont toujours les gentils qui gagnent, Lydéric décapita Phinaert d’un coup d’épée, sa tète roula jusqu’à la Deule et coula à pic. Lydéric avait vengé son père et retrouvé sa chère mère.

Pour le féliciter de sa bravoure, Dagobert lui offrit les biens du monstre de la tour du Buc, et, d’après certains historiens, lui offrit en plus sa sœur en mariage. Ils vécurent heureux, entourés de nombreux enfants, sur cette petite île, émergeant des marais. En homme de bien, Lyderic incita les paysans alentour à se mettre sous sa protection, et à construire leurs fermes dans L’ille sur la Deule .

Mais il y a une suite à cette histoire, bien imprévue et inattendue.

Je parlais de cet article à un ami curieux de tout : Daniel Baes, Historien local

-La fontaine del Saux  n’est pas une légende, du moins elle existait. D’après nos recherches, elle se trouvait, très curieusement, englobée sous le porche du collège St Paul de la rue Masséna, face au square Rameau. Chers lecteurs, si vous passez par là,  fermez les yeux et les soirs d’hiver vous entendrez les cris déchirants de Dame Ermengaert,  impuissante, devant  abandonner  le corps de son enfant  aux cruels loups du Bois de sans Mercy.

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