Le Cirque Rancy

Wazette à la foire aux manèges – souvenirs – souvenirs…

La foire de septembre

Dans ma jeunesse, la foire de septembre me rendait la rentrée des classes moins pénible Le bruit strident des auto-tamponneuses me mettait en transe, la musique des manèges me transportait, le clic clic clac de la roue de la loterie pour gagner des kilos de sucreries m’hypnotisait, les trains-fantômes étaient prétexte à serrer dans mes bras des copines terrorisées.

L’odeur des beignets

me faisait baver et le cirque Rancy qui s’installait à l’entrée de l’Esplanade, avec sa ménagerie m’enveloppait de parfums exotiques.

Comme la foire m’attire toujours ! J’ai dû oublié de grandir.

Avec mon cousin, qui n’était pas le dernier pour m’accompagner dans mes escapades, on ne ratait rien, on regardait tout, on était au courant de tout, on testait les nouvelles attractions et on se goinfrait de nougat mou multicolore. Mais ce que l’on préférait, c’était les baraques de curiosités aujourd’hui disparues. La plus grosse femme du monde aux cuisses volumineuses, les catcheurs nains, le géant des Carpates, la femme-girafe, ou -tronc, ou -araignée ;et surtout, je peux le dire maintenant, ce qui nous attirait comme un aimant, je l’avoue aujourd’hui,( Ne lis pas, maman !), c’était le strip-tease forain. Toujours  écartés de la file d’attente, même avec une carte d’étudiant trafiquée, ornée d’un magnifique tampon sculpté dans une pomme de terre qui nous vieillissait de quatre ans, le forain n’était pas dupe.

Mais un jour, il nous laissa franchir la porte du paradis.

C’était un jour triste et froid, les amateurs d’anatomie étaient rare, un vieux monsieur, un jeune militaire et nous deux. Au moment tant fantasmé, quand la dame, plus très jeune, allait nous montrer ce qu’elle cachait sous son peignoir argenté, le rideau   tomba du plafond faisant disparaître la danseuse.

Zut, zut et zut et le forain

recommença son boniment.
« Entrez, entrez, militaires, amateurs de belles anatomies, les délaissés de leur dame, les veufs et les solitaires, vous allez, ici, aujourd’hui dans votre ville, pour la première fois, découvrir le corps sublime de Mademoiselle Peruska, de retour d’une tournée triomphale aux États Unis, courtisée par les princes et les ducs, favorite du harem de l’émir du Rahul. Couverte d’or par le Roi, dont je tairai le nom, par respect pour sa majesté la Reine..

Une apparition inoubliable, la beauté à l’état pure, pour seulement un petit billet de cinq francs. »

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Jeanne de La Fonte notre Marilyn Lilloise.

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