Le mépris

à Fives par FRD

J’ai eu le plaisir d’être invité chez des amis domiciliés rue Denis du Péage à Fives. Au cours du repas, une discussion amorcée sur la réhabilitation de la friche industrielle située derrière chez eux m’a sidéré.                                    Rentré chez moi, surpris par le silence de la Mairie, de la Presse et de la société Holbat chargée de la qualité environnementale,  j’alertais La Voix du Nord. En effet, la date de parution trimestrielle de la Gazette de Lille  le 1er décembre m’apparaissait trop tardive pour informer le public. Un article de la Voix du Nord est donc paru le 17 octobre 2014 avec pour titre « Le vent et un nuage d’antirouille repeignent des dizaines de voitures ».

De nouveau, j’ai été surpris par les réponses de l’entreprise de peinture Lassarat au journaliste. Elles ne correspondaient ni aux paroles de mes amis ni aux renseignements recueillis dans le quartier. J’ai donc souhaité approfondir un peu le dossier de ce chantier ambitieux.

Lille Métropole Communauté porte un beau et grand projet à Fives : réhabiliter un site de 22 hectares correspondant en grande partie à la friche industrielle Fives-Cail-Babcock. Ce projet se compose de logements, d’équipements publics, d’espaces verts, tout pour faire rêver les Fivois !  Les plans présentés à la population intègrent aussi l’histoire de cette usine en préservant une partie des immenses halles, de véritables cathédrales d’acier ! Tout devrait aller pour le mieux ! Et pourtant, monte un sentiment d’exaspération.

Ce sentiment a commencé dès la préparation des travaux de réhabilitation : la construction du lycée hôtelier a  conduit la Mairie à faire réaliser par un expert un état des lieux des immeubles situés à proximité du chantier. C’est une procédure normale qui a pour but de déterminer si les travaux de réhabilitation ont eu des conséquences sur l’état des immeubles des riverains. Les 68 propriétaires concernés ont donc été convoqués par huissier à l’audience du Tribunal pour désigner cet expert. Les propriétaires, absents de leur domicile le jour de réception de la convocation, ont dû aller retirer le pli chez l’huissier…. à Lille Sud, certainement le plus éloigné du quartier et non accessible par métro.

Chaque propriétaire a aussi reçu la liste des 68 autres propriétaires ; ainsi, chacun a pu savoir si ses voisins étaient propriétaires ou locataires, si la maison appartenait aux deux conjoints ou à un seul, en qualité de propriétaire, d’usufruitier, de nu propriétaire… « Fives est une grande famille, pas de secret entre riverains ! » Premier couac  au niveau de la discrétion…

Ensuite, l’expert désigné a fixé la date de ses visites fin juin début juillet 2013 ; au pas de charge 17 maisons par jour ! On n’a pas le choix ; l’habitant prendra une demi-journée de congé…Cette visite conduite par trois personnes a été souvent mal ressentie du fait de l’absence de courtoisie du photographe  et de ses remarques déplacées sur la qualité des lieux.

Onze mois plus tard en juin 2014, chaque propriétaire a reçu un document sans commentaire avec les photos de sa maison et surprise !  il constate que ce document rassemble aussi les photos intérieures (entre 45 et 60 photos) de la maison de deux voisins ! Au diable la discrétion, on n’est qu’à Fives !  Ainsi, vous connaîtrez la moindre tache au plafond, la petite fissure dans le mur, le carrelage abimé, les peintures écaillées de vos voisins….. J’vous dis «  Tout, vous saurez tout, vous saurez tout sur vos voisins….. ».

Mais je reviens à l’essentiel : le début des travaux du futur lycée hôtelier. D’après la Voix du Nord du 17 octobre, « un fort coup de vent  a immaculé une cinquantaine de voitures d’un nuage de peinture anti rouille provenant de la rénovation d’une grande halle de la friche »

En réalité, l’ampleur du sinistre ne peut être chiffrée aujourd’hui, mais dès le 10 octobre, soit avant l’interview, on savait que le nombre était supérieur à 200 et non de 50 !

La première personne à réagir est le garagiste rue Francisco-Ferrer au vu de ses voitures d’exposition souillées les 15/16 septembre. Il se rend sur le chantier de peinture le 16.

Le « nuage » s’est répandu sur une large circonférence ; ont été touchés les  véhicules sur le parking Carrefour tout proche,  les voitures stationnées à la Bourse du Travail, la rue Denis du Péage, Ferrer……

« les victimes ne s’aperçoivent de rien jusqu’aux premières pluies. Lorsque les balais sont actionnés, ils peinent à caresser le pare-brise qui se retrouve comme couvert de verglas » déclare le garagiste  Dans ces conditions, les personnes de passage se rendent compte plus tard de ce revêtement d’anti rouille très finement granuleux sur leur carrosserie et ne peuvent en comprendre l’origine. Deux personnes rencontrées croyaient que c’était dû à un stationnement sous des arbres résineux…

Le plus surprenant : alerté dès le 16 par le garagiste, deux propriétaires amis ont eu leur véhicule atteint le 20 en fin d’après-midi, jour de leur arrivée dans la zone. Le nuage serait donc resté en suspension cinq jours…Les dommages touchent aussi les vérandas et les velux.

Le plus grave serait aussi de se poser la question des personnes ayant respiré ces fines particules pendant plusieurs jours ! Et le silence sur cet incident ; seul le bouche à bouche a fonctionné ! Aucun affichage, aucune information !

Au 18 novembre, le garage Renault dénombre 252 véhicules touchés auxquels s’ajoutent ceux traités ailleurs. Le coût de remise en état varie de 600 à 1.400€, soit une première estimation à plus de 200.000€, 10 fois plus que déclaré par l’entreprise de peinture à la Voix du Nord ! Enfin, un certain nombre de victimes attendent le remboursement de la franchise qu’elles ont dû avancer.

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